Ruben Um Nyobe

Publié le par hugambrules

Né voici un siècle, le militant camerounais, président de l’Union des populations camerounaises, demeure une figure emblématique de la lutte pour une indépendance authentique des peuples africains. Il a été exécuté le septembre 1958 par l’armée française.

La plus longue «pacification» de l’histoire coloniale française demeure méconnue par l’essentiel de l’opinion hexagonale. Ni la guerre d’Indochine, ni la guerre d’Algérie, ce fut ce qu’il faut bien appeler la guerre du Cameroun, amorcée en 1955 avec l’interdiction de l’Union des populations camerounaises (UPC) par le gouvernement Edgar Faure, intensifiée trois ans plus tard par le pouvoir gaulliste après l’exécution sommaire du secrétaire général de l’UPC, Ruben Um Nyobé, poursuivie après « l’indépendance » octroyée de 1960 sous prétexte de coopération militaire avec le gouvernement d’Ahmadou Ahidjo, lequel n’avait rien à refuser à Paris qui l’avait choisi et mis sur orbite. L’exemple type du dirigeant néocolonial sélectionné par l’ex-puissance métropolitaine soucieuse de maintenir son emprise sur un pays auparavant soumis à son pillage direct. Un homme aux ordres qui, dûment encadré par les « conseillers » français, mena une répression impitoyable contre son peuple jusqu’en janvier 1971.

C’est au moment de Diên Biên Phu que l’UPC a commencé de se faire pleinement entendre. Que le discours d’Um Nyobé sur la réunification d’abord (colonie allemande avant 1914, le pays demeurait divisé en une partie sous domination anglaise et une sous domination française), l’indépendance ensuite, a commencé de polariser l’attention des Camerounais. Les Français ont fait au Cameroun ce qu’ils ont fait en Indochine, c’est-à-dire la guerre.

Dans son bulletin pour le troisième trimestre 1958, le service de sécurité français avait ce commentaire révélateur : « La mort d’Um Nyobé et le courant de ralliements qui l’a suivie ont détendu grandement l’atmosphère dans cette région. Une certaine tension s’est par contre manifestée en pays bamiléké mais les coups qui ont été portés par l’armée aux rebelles de l’UPC, conjugués avec la nouvelle politique française préconisant l’indépendance du Cameroun en 1960, ont, là aussi, isolé en grande partie le courant extrémiste du nationalisme appuyé par le PC et le nassérisme au bénéfice du nationalisme légal. » Rédigeant le troisième tome de ses Mémoires, Michel Debré écrit froidement qu’à l’approche de l’échéance prévue pour l’indépendance officielle du Cameroun, il avait pris la décision « d’entreprendre une véritable reconquête »… Une expression qui en dit long sur la « décolonisation » française : reconquérir pour pouvoir octroyer l’indépendance !

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