Putain d'éclisse

Publié le par hugambrules

Cet été fut terrible pour les catastrophes ferroviaires. Et à travers toute l’Europe, les pèlerins ont payés un lourd tribu et cruelle fatalité, car ces personnes étaient en attente d’un miracle. On ne peut que compatir doublement pour ces personnes : leur décès et l’ébranlement de leur foi.

Puis qu’on ne peut invoquer une intervention démoniaque à Brétigny, alors, sur qui peut-on reposer la responsabilité de ce drame ?

Comme il est de coutume, les médias aiment spéculer sur un acte de malveillance ou une erreur humaine, mais comme souvent il en est rien, les responsabilités sont plus profondes.

Depuis le début des années 90, le rail français a été délibérément mis en crise par la politique de privatisation orchestrée par les gouvernements successifs en application du Traité de Maastricht. En vue de privatiser l’exploitation ferroviaire, le transport proprement dit – partie « rentable » – du travail des cheminots, a été découplé du réseau et de son entretien (création de RFF) qui est à la charge de l’état. On a d’ailleurs procédé de la même manière en matière d’énergie en découplant ERDF et EDF. Le but est de démanteler les monopoles publics et d’installer la concurrence du privé en rendant les tarifs prohibitifs.

La dérèglementation européenne du secteur des transports a consacré la concurrence déloyale avec la route au bénéfice de celle-ci. En effet, le salaire des routiers, les conditions de sécurité sont tel que le transport routier est très avantagé. De plus les infrastructures routières largement financées par les collectivités bénéficient essentiellement aux entreprises de transport. Et paradoxe, ce sont les gros bahuts qui abiment la chaussée de part leur poids. Outre l’aspect écologique, un chiffre tendrait pourtant à favoriser le fer. Dans un accident mortel sur dix, un poids lourd est impliqué alors sur cent kilomètres parcourus par des véhicules, un seul l’est par un poids lourd.

Le sous-investissement des infrastructures est de plus en plus criant. Le renouvellement du matériel roulant se fait attendre. Des milliers de postes de cheminots ont été supprimés pendant que la précarité et la sous-traitance augmentaient. Le temps de formation des cheminots diminue. Tout cela se paie en termes de retards permanents, de mal-vivre des usagers, d’insatisfaction professionnelle des cheminots, et de dégradation d’un service public qui était pourtant un modèle mondial avant que la France n’accentue son engagement dans la dynamique de concurrence avec le profit comme seul horizon.

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