ALSTOM ou le déclin suscité

Publié le par hugambrules

L’annonce de la prise de contrôle d’Alstom par la multinationale General Electric, est pour le moins inquiétant. L’expérience a montré que cela est systématiquement synonyme de dégradation des conditions de travail pour les ouvriers. Resurgit alors la formule aberrante du « patriotisme économique », comme si les capitalistes avaient une patrie ! Ce que recherchent, tout bon capitaliste, c’est la plus-value, le taux de profit maximum, à l’opposé de la réponse aux besoins du pays. Et c’est d’ailleurs cette dynamique qui les a guidés vers cette vente aux concurrents.

Si on fait un petit historique de l’entreprise, on pourrait être surpris d’apprendre que c’est, en 1998 un gouvernement de « gauche » qui fait entrer en bourse la société. Cette opération fut la plus grosse opération d'introduction en bourse d'une société européenne, en dehors des nombreuses privatisations de la même période. Elle remporta d’ailleurs un grand succès dans un climat d'euphorie boursière. Mais l’introduction en bourse a quelques obligations notamment celle d’assurer des versements de dividendes qui a été une des raisons du naufrage de 2004.

En 2004 Sarkozy, ministre de l’économie opère un sauvetage par une nationalisation partielle. La droite ose se prévaloir du sauvetage comme si celui-ci était pérenne, alors qu’elle est la cause du naufrage actuel. En effet Sarkozy a scindé les Chantiers navals de l’Atlantique et l’Alstom puis a éloigné Alstom de son cœur de son activité comme les turbines industrielles cédées à Siemens ou la distribution d’énergie à Areva. Pour être complètement honnête, Jospin avait amorcé le mouvement en 1999 en avalisant la vente des turbines à gaz d’Alstom à General Electric.

Mais en juin 2010, le groupe s’est lancé dans une stratégie de croissance externe fort couteuse, il débourse 2 milliards d’euros pour racheter une filiale spécialisé dans les équipements de distribution de l’électricité qu’il avait été contraint de céder pour 3 fois moins en 2003. Mais cela ne l’a pas empêché de se montrer généreux avec les actionnaires en distribuant 1,3 milliard d’euros de dividendes en 5 ans

. Si General Electric est en mesure de racheter Alstom, c’est à cause de la défaillance de son principal actionnaire Bouygues. Présenté comme le sauveur par Sarkozy en 2004, le bétonneur décide de vendre les 29% de part qu’il avait acquis à l’époque. On trouvera des benêts qui reprocheront, à Bouygues de faire, en fonction de leurs propres intérêts au lieu de penser à l’indépendance énergétique de la France. Non le seul reproche recevable va à l’encontre de ceux qui ont fait quitter l’entreprise du giron du public.

Les pouvoirs publics simulent la surprise après avoir accompagné la casse d’Alstom. Il est notamment stupéfiant de voir que la plupart des régions de « gauche » ont préféré ces dernières années commander des rames de TER et de RER au groupe concurrent canadien Bombardier. Ces décisions, prises pour stimuler la sainte concurrence, témoigne de l’ampleur du patriotisme économique…

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