Les vertus de l'austérité

Publié le par hugambrules

Le titre est en soit une provocation à l'encontre de tous ceux qui ont des difficultés à boucler le mois, je l'admets. Ceci étant dit, je suis persuadé que la pénurie a des vertus diverses. Un peu anecdotique comme la limitation du gaspillage et donc le respect de la chose produite, ou plus vitale comme le fait qu’elle ait cette faculté à favoriser l’entraide au détriment de l'intérêt personnel. Et avec de bonnes lectures, je prétends même qu'elle aide à la prise de conscience de l'appartenance à sa classe sociale. D’ailleurs la constitution d'un capital solidarité sera l'élément constitutif de la reconstruction du monde de demain.

Il va de soi que les politiques d’austérité consistent à transférer le fardeau de la crise économique sur le dos des salariés, des travailleurs et des chômeurs. Ces mesures tentent de sauvegarder les dividendes des oligopoles et la rente des milliardaires. Mais cette analyse a surtout le mérite de mettre en évidence un aspect important: Les politiques d’austérité ne sont pas les causes, mais les conséquences de la crise économique. Et si elles sont les conséquences, autant s'attaquer aux causes. Je reconnais qu'il est d'autant plus difficile de concevoir cet aspect des choses que ces mesures d’austérités contribuent à dégrader la situation économique, sociale de tous les pays.

Dans ce contexte, nos multiples propositions réformistes de relance keynésienne qui tendent à supprimer la pénurie ont des conséquences extrêmement contreproductives. En effet, la population est convaincu que les caisses des états sont vides et qu'il n'est plus possibles de relancer l'économie par la demande. Et nous, courageusement on lève le bras pour exiger une redistribution égalitaire avec l'argent que l'on a donné aux patrons ou celui que l'on pourrait récupérer à droite ou à gauche. Inutile de dire que les capitalistes seront vent debout pour éviter de se faire rançonner. Certains pensent que si ces mêmes patrons étaient moins gourmands, on arriverait à un taux d'exploitation raisonnable où l'exploité et l'exploiteur se mettraient d'accord pour atteindre une position d'équilibre. Mais si un capitaliste avait de la modération comme vertu, alors il serait rapidement rayé de la carte. Comme Marx l'avait analysé, la sobriété dans les profits est un élément impensable dans ce système économique. Ceci est strictement impossible car elle sous tendrait que cette disposition se produise simultanément, partout et à part égale. Car en effet si ce système égalitaire mondial se produit par endroits et pas par d'autre, autant dire que les bénéficiaires s'empresseraient de tailler des croupières à ceux qui subiront ces mesures égalitaires. De plus si un état s’avisait d’appliquer ces propositions socialisantes, cela découragerait l’investissement capitaliste et ferait fuir les riches vers d’autres horizons plus cléments pour leur argent.

Et tant que l'on prétendra que la clé est la relance par une croissance équitable et une redistribution éthique des richesses, alors on désillusionnera une masse incalculable de gens que l’on pousserait à croire que le capitalisme à visage humain peut exister. Cette désillusion sera d’autant plus préjudiciable lors du crash du système impérialiste états-unien et notre crédit ne sera plus grand que si on propose un projet résolument en rupture. C’est pour cette raison qu’à effrayer les capitalistes, autant les effrayer pour de bon. Il faut leur dire gentiment que non seulement on va leur prendre leurs profits mirobolants mais en plus on va leur prendre le capital. Ainsi, est le rôle historique de la classe ouvrière.

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