Sankara

Publié le par hugambrules

Vingt ans après l'assassinat de celui qui fut le premier président du Burkina Faso de 1983 à 1987 (« pays des hommes intègres », appellation choisie pour rompre avec la vieille dénomination, Haute-Volta, héritée de l'administration coloniale), la mémoire du premier président du Burkina Faso, assassiné en 1987, demeure vivante dans le continent africain et ailleurs.

Vingt ans après sa mort, Thomas Sankara demeure visiblement un homme à marginaliser. Sankara ne figure pas à la lettre S dans le dictionnaire Larousse, où l'on rencontre presque tous ceux qui ont marqué le monde. Comme s'il y avait volonté de gommer de la mémoire collective celui qui fut le précurseur du mouvement altermondialiste qui se développe aujourd'hui L'Afrique doit se souvenir et non se couler dans l'amnésie. Se rappeler est plus que jamais nécessaire, maintenant que les anciens colonisateurs nous invitent à oublier que l’Afrique a longtemps été esclaves, la néo colonisation l’a remplacé.

Assigné à résidence en 1983 par le président alors en place, Thomas Sankara est libéré par une insurrection à laquelle prirent une part active les officiers du Roc (Rassemblement des officiers communistes), groupe bien évidemment clandestin qu'il avait contribué à créer (« sans formation politique, un militaire n'est qu'un criminel en puissance », a un jour déclaré celui qui avait grade de capitaine). Placé à la tête du CNR (Conseil national de la révolution), il accède à la tête de l'État en août de la même année. Il met aussitôt en place une politique de projets ponctuels multiples visant le développement à la base et l'autosuffisance alimentaire. Il a l’audace de déclarée que l'aide n'est que calvaire pour les peuples à un François Mitterrand ulcéré de tant d'insolence. Cette volonté de promouvoir la consommation de produits locaux au détriment des importations est parfois symbolisée par l'expression « Faso Dan Fani », une mode vestimentaire valorisant le coton produit localement au lieu de l'exporter à l'état brut. Une orientation qui lui vaut beaucoup d'ennemis puissants à l'échelle internationale. Simultanément, son gouvernement met l'accent sur les problèmes de santé, de l'école et l'exigence d'une réforme foncière. Autre priorité affirmée, la condition des femmes avec, notamment, l'interdiction de l'excision. Sur le plan diplomatique, le Burkina affiche des sympathies qui finissent d'exaspérer les capitales occidentales. Envers Cuba, la Libye ou la Chine, en particulier. 15 octobre 1987, un putsch dirigé par l'un de ses proches, Blaise Compaoré qui lui succédera à la tête de l'État, met fin à cette expérience radicalement nouvelle sur le continent africain. Sankara subit le sort du Congolais Lumumba, qui, lui aussi, était entré en dissidence contre l'ancienne puissance tutélaire (Belgique) et s'était rapproché de ce que l'on appelait alors le camp socialiste. Le Burkina Faso est, comme le Mali et le Ghana, en état d'attente » (2). À l'instar de Guevara, Sankara est toujours chanté en Afrique : « Le coq dressé sur ses ergots, annonçant l'aube, le réveil du village.

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