L'Apre concurrence

Publié le par hugambrules

Il y a cent ans le Titanic s’est fracassé contre un iceberg. J’ai trouvé intéressant de rapporter ce que Jaurès disait 10 jours après le contact avec le glaçon.

Le matin s’est vraiment un peu hâté de dénoncer comme criminel le suicide du commandant Smith ; car il n’est pas démontré du tout qu’il se soit suicidé. Aussi bien un navire comme le Titanic est un monde si vaste et la confusion du drame subi a été sans doute si terrible qu’il est bien difficile aux survivants de savoir et de raconter exactement ce qui s’est passé. La recherche des responsabilités individuelles sera donc sans doute impossible ; et le plus sage est d’envelopper d’une même pitié tous ceux qui ont subi l’horrible épreuve.

Mais il parait bien certain que les habitudes développées par une concurrence tapageuse sont la vrai cause du désastre. Avant tout, il faut aller vite non seulement pour se prêter à l’impatience d’une humanité fébrile et énervée, qui ne sait même plus jouir de quelques heures de relâche, mais pour humilier les rivaux dans la course à la vitesse.

Trop souvent le capitalisme a les pulsations précipitées de la folie. Dans le grand match international des compagnies de navigation les précautions les plus élémentaires sont négligées. Que voulez-vous que fasse un commandant de navire que l’état-major financier de l’entreprise traitera comme un maladroit et comme un poltron s’il ne bat pas le record de vitesse ?

S’il est vrai, comme on le télégraphie de New York Times que le Titanic avait reçu de deux navires les messages les plus précis sur la marche de l’iceberg, s’il est vrai qu’il est allé se briser comme un monstre aveugle contre le péril qui lui était signalé juste au point où il était signalé, comment expliquer une aberration pareille s’il n’y avait pas un sinistre consigne de rapidité ?

Évidemment, il faudra que la loi intervienne, et une loi internationale, pour limiter ces concurrences meurtrières, pour obliger les navires de tous les pays à passer au-dessous de la zone plus dangereuse et pour établir un code de l’océan. Mais les nations peuvent-elles songer à ces choses quand partout la fièvre des rivalités et des armements dévore la pensée ?

Le New York times a recueilli un autre bruit le plus sinistre de tous. C’est que la dépêche annonçant la détresse du Titanic aurait été quelques heures à New-York et gardée secrète pour que les assureurs aient le temps de passer à l’autre la charge de l’assurance.

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