Centrafrique

Publié le par hugambrules

En Centrafrique, la place de la centrafrique est paradigmatique, dans la mesure où l'action militaire française s'est déroulée en deux actes sous le même Président et sous le même mandat en l'espace de 9 mois. Au premier acte, le "chef de guerre" Hollande décide de ne pas faire intervenir l'armée française lors de l'arrivée au pouvoir de la Séléka. Il s'agit d'une milice islamiste hétéroclite dont les services français connaissent les liens avec la secte Boko Haram qui œuvre du Nigeria jusqu'au Cameroun. Cette milice est composée de rebelles issus des troupes tchadiennes, de forces rebelles soudanaises, de Djihadistes libyens soutenus par le meilleur allié des stratégies guerrières élyséennes dans la région à savoir le dictateur Idriss Déby. Ce dictateur a été maintenu au pouvoir au Tchad en 2008 grâce à l'intervention des militaires français face aux rebelles armés par le Soudan. L'arrivée au pouvoir de la Séléka a donc été grandement facilitée par la France en donnant un blanc-seing aux troupes soutenues par le dictateur Idriss Déby principal allié régional des troupes françaises. Les rebelles sont venus par la même route du nord que Bozizé. Il y a 10 ans aidé par la France et le Tchad. Etrangement tous les magasins ont été pillés dans la capitale, à l’exception des entreprises françaises. Hollande a donc lâché Bozizé pourtant porté au pouvoir par les troupes françaises en 2006-2007 lors de la pacification du pays. La Séléka a décidé de faire tomber le dictateur françafricain Bozizé avec l'aval implicite de Paris, en contrepartie du partage du pétrole qui a été découvert à la frontière avec le Tchad, mais que Bozizé a eu le tort de promettre aux Chinois. Djotodia a déjà annoncé vouloir revoir les contrats miniers et pétroliers conclus entre la RCA et la Chine et signés par le gouvernement Bozizé, pour voir « si les choses ont été mal faites et essayer d'y mettre de l’ordre ». De plus, Djotodia a déclaré qu’il inviterait en RCA la France, son ancienne puissance coloniale, aux côtés des Etats-Unis, afin de former à nouveau l’armée officielle qui a été vaincue par la Séléka. Alors pourquoi le "chef de guerre" et son aéropage militaire échappant à tout contrôle parlementaire a-t-il décidé de lancer les troupes françaises dans la bataille centrafricaine qui constitue le porte-avions français dans la région ? En effet les troupes françaises y sont installées depuis plus d'un siècle. Tout simplement parce que les exactions de la Séléka sur les civils étaient de plus en plus décriés notamment par la CPI et mettaient la France et son allié tchadien dans une situation intenable dans son propre pré-carré. Mais encore une fois, plutôt que de privilégier un règlement politique du conflit ou de mettre les forces militaires au service de cette solution politique, le "chef de guerre" s'est lancé dans la bataille sans crier gare et sans avoir songé aux effets dévastateurs de l'intervention militaire française. En intervenant en désarmant unilatéralement les Sélékas, Paris ne s'attendait pas à une offensive des anti-Balakas poussés par les affidés de Bozizé et les civils qui voulaient en découdre avec leurs agresseurs Sélékistes. La France a donc déclenché un cycle de représailles sans précédents dans son pré-carré centrafricain sans en avoir pesé les conséquences immédiates. Le 6 décembre, date de l'intervention française, Bangui comptait un millier de morts victimes d'un cycle de représailles terribles dans la capitale et qui entraînera ensuite dans tout le pays un million de déplacés. L'annonce de l'intervention militaire française a attisé les conflits interreligieux. Ajoutons que l'Etat français après avoir organisé la destitution de Bozizé et les conditions de venue au pouvoir de Djotodia en s'appuyant sur la marionnette Idriss Déby a destitué le nouveau dictateur Djotodia avec le même appui françafricain en provenance du Tchad et en profite au passage pour renforcer sa présence militaire en Centrafrique où la France fait la pluie et le beau temps depuis un siècle dans un silence médiatique complice.

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