Le pouvoir des lobbies pharmaceutiques

Publié le par hugambrules

Marisol Touraine peut se targuer d'effacer le trou de la sécu pour 2017, même si au passage c'est un peu vite oublier que ceci se fait sur le dos des patients soit en renonçant à se faire soigner, soit en mettant la main à la poche. Passons sur cette injustice et cette volonté de briser cet acquis social hérité de la libération dans un contexte où le patronat rasait les murs comme pour faire oublier son attitude pendant la guerre, pour commenter deux décisions de la ministre qui sont pour le moins surprenantes. C'est à se demander si la ministre n'a pas inversé les deux tellement son choix est pour le moins déroutant :remboursement de produits dangereux (Alzheimer) et de dérembourser des médicament utiles (arthrose) ceci illustrer le pouvoir des Lobbys.

La HAS (Haute autorité de santé) vient de délivrer aux médicaments destinée aux malades d'Alzheimer, un constat sans appel : « au regard de l’absence de pertinence clinique de l'efficacité de ces médicaments et des risques de survenue des effets indésirables », la HAS considère que les médicaments Ebixa, Aricept, Exelon et Reminyl et leur générique ne modifient pas l’évolution de la maladie. » D'ailleurs cela fait 10 ans que les généralistes tirent la sonnette d'alarme auprès de cette autorité car ils constatent leur inefficacité et craignent de plus les effets secondaires. Mais les lobbys associés à l'industrie pharmaceutique sont coriaces et puissant auprès des commissions. La meilleure preuve est qu'en 2007, la même autorité considérait que ces médicaments ne rendait de service qu'en structurant la prise en charge de la maladie. Par « structurant », il fallait comprendre que cela remplissait les structure hospitalières spécialisés qui s'étaient construites un peu partout sur le territoire avec l'appui des grands groupes pharmaceutiques et il fallait comprendre aussi que ces médicaments représentaient le seul espoir pour les malades. Ce dernier argument peut se comprendre mais alors mieux vaut leur donner de la farine encapsulée, ceci revêt deux avantages : le coup et l'absence d'effets secondaires. Bref, avec une telle conclusion au vitriol on se serait attendu à l’arrêt immédiat de tous ces médicaments pour limiter le massacre. Et bien non, Marisol Touraine préfère continuer à rembourser les centaines de millions d'euros chaque année. Certes ce n'est pas la première fois qu'un ministre décide de s'opposer à la décision de la HAS. Le précédent s'est produit en 2006 et c'était Xavier Bertrand qui avait continuer à rembourser le médicament incriminé qui n'était rien d'autre que le Médiator.

La direction de la Sécurité Sociale annonce le déremboursement total de la visco-supplémentation (injection d'acide hyaluronique dans les articulations). Cette décision succède à celle de l’année dernière, en 2015 les médicaments anti-arthrosiques d'action lente ont été déremboursés, contre l’avis des associations de patients et de nombreux médecins. En tout cas, ces traitements déremboursés sont, comme par hasard, des produits naturels dont l’efficacité a été démontrée par des études scientifiques (glucosamine, chondroïtine, acide hyaluronique). Ce sont des molécules qui nourrissent le cartilage et la synovie (le liquide qui lubrifie les articulations). Or, ce sont justement ces produits là que la Sécurité Sociale ne veut plus rembourser, poussant ainsi les patients à se tourner vers les médicaments chimiques !!!! Ces décisions interviennent au moment même où les médicaments chimiques contre l’arthrose sont sur la sellette. En effet le 17 mars 2016, une grande étude publiée dans la plus prestigieuse revue médicale du monde, The Lancet, a provoqué un tremblement de terre sous les pieds de Big Pharma. Cette étude met également en cause tous les autres médicaments contre l’arthrose, les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (diclofénac, ibuprofène, le naproxen ou le celecoxib), qui ne peuvent être prescrits sur de longues périodes en raison de leurs effets secondaires importants (troubles digestifs, cutanés ou cardiaques). Or, cette nouvelle est tombée particulièrement mal pour l’industrie. Ces médicaments comptent parmi les plus vendus, les plus lucratifs. Et, selon une enquête de mai 2015, avec le déremboursement, 95 % des patients vont se tourner vers ces médicaments plus coûteux, mais qui restent, eux, remboursés. Ce déremboursement ressemble à un coup de maître pour sauvegarder, et même augmenter les profits de certains acteurs économiques !!. En effet jusqu’à présent en France, on pose deux fois moins de prothèses de genoux que chez bon nombre de nos voisins. C’est une performance qui mérite d’être soulignée. Elle est due en grande partie à la prise en charge médicale de l’arthrose. Avec le déremboursement, ces coûteuses opérations pourraient se multiplier. On parle de 180 000 opérations en plus par an, avec un coût global annuel de 2 milliards d’euros ! Tout cela pour une pseudo « économie » de 46 millions, soit 50 fois moins !!! Cela sans compter les pensions d’invalidité et les arrêts maladie au travail qui risquent d’exploser !!

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V
cela confirme l'article, merci
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S
Sur ce que vous entendez par "structurant la prise en charge de la maladie", ce n'est pas pour faire fonctionner les hôpitaux, mais bel et bien pour le bien des patients.<br /> Ayant visité les maisons de retraite et les neurologues, ce qui est fait, en fait, c'est une prise en charge des patients Alzheimer par des psychologues, des ergothérapeutes et orthophonistes afin de stimuler les activités cérébrales des patients pour qu'ils ne se renferment pas sur eux mêmes et qu'ils préservent leurs facultés cognitives. C'est une lutte contre la dégénérescence. Le remboursement de cette prise en charge ne peut être fait que si les patients sont suivis par un médecin (et c'est malheureux, mais si c'est adossé à la prescription des dits médicaments). Je ne sais pas pourquoi, mais les suivis non médicamenteux ne sont pas remboursés sinon. Il y a là un dysfonctionnement dans les prises en charge non médicamenteuses. Car finalement, les médecins me disaient bien que c'était ces suivis qui permettaient le maintien d'un grand nombre de patients et qu'effectivement, les médicaments non seulement ne servaient à rien mais pouvaient avoir des effets secondaires graves.
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