Les banques, quand les mots manquent

Publié le par hugambrules

Il n’y a pas qu’aux États-Unis que les banquiers peuvent tout à la fois licencier, toucher de l’argent public et s’en mettre plein les poches. La banque franco-belge Dexia en est un exemple : sauvée de la faillite en septembre 2008 par les États à hauteur de 6,4 milliards d’euros, elle supprime 900 postes. Son PDG a touché 825 000 euros de bonus ; en outre, la banque a versé quelque 8 millions d’euros de primes à une centaine de dirigeants français. Se faire aider par l’État pour s’enrichir, belle leçon du capitalisme assisté !

Le rôle des banques est primordial pour l’activité productive, puisque le rôle principal de celui-ci est de conférer aux entreprises les ressources financières leur permettant d’engager le processus productif. Nous le voyons particulièrement aujourd’hui, dans une période de crise généralisée dans les pays occidentaux, les banques aux mains des capitalistes ne jouent plus ce rôle, où plutôt elles ne le jouent que dans la limite des intérêts de ses actionnaires, qui est la rentabilité maximale des fonds qu’ils engagent. Au sein du mode de production capitaliste, les banques jouent deux rôles : établissement de crédit et banque d’investissement sur les marchés financiers. De cette manière, les banques ont une action directe sur la quasi-totalité des flux financiers circulant au sein de l’économie.

Il faut savoir que la majeure partie des fonds que les banques consentent à prêter ne leur appartient même pas, puisque les banques de crédits, se finançant massivement auprès des banques centrales, ne jouent qu’un rôle d’intermédiaire, mais sans oublier de prendre leur part du gâteau. L’exemple du secteur bancaire illustre donc particulièrement bien le rôle parasitaire des capitalistes dans l’économie. Ils prélèvent, d’un coté sur le producteur et de l’autre sur le consommateur, de manière à satisfaire le plus généreusement possible les intérêts égoïstes de leurs propriétaires.

Malgré le fait qu’elles ne créent absolument aucune richesse, les banques sont aujourd’hui plus que jamais au cœur du système : il n’y a pas de changement de société possible sans arracher des mains capitalistes le monopole bancaire. Une planification de la production nécessite le contrôle des principaux flux financiers pour qu’ils soient dirigés dans l’intérêt de la majorité.

C’est ainsi que la nationalisation de l’ensemble du secteur bancaire (banques, assurances, crédit), sans indemnisation de ses grands actionnaires, et son fonctionnement placé sous le contrôle démocratique des travailleurs est indispensable pour la réalisation d’une économie planifiée.

Ceci dit il est en effet utopique de penser que les capitalistes se laisseront dicter leurs choix d’investissement, quand bien même cela serait dans l’intérêt public. Leur seule réaction envisageable serait de retirer leurs billes pour les mettre ailleurs, là où ils pourront choisir le rendement de leurs capitaux. La mesure ne reposera pas sur une nationalisation partielle ou de la création d’un « pôle public bancaire » qui serait en concurrence avec des banques capitalistes. Le rôle de ces nationalisations doit être de changer radicalement le rapport de force entre les intérêts publics et les intérêts privés, sinon les entreprises publiques resteraient soumises aux lois de la concurrence et seraient donc dirigées comme des entreprises capitalistes comme l’a prouvé l’expérience des nationalisations menées par Mitterrand en 1981-83.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article